Le trouble culotté
J'ai une "petite" culotte très troublante.
Troublante non pas tant parce qu'elle dépasse largement le nombril, ce qui suppose déjà de savoir s'organiser lorsque la taille basse du pantalon permet à la dite personnalité fleurie et d'un discret rose pourpre de s'exprimer au delà de l'esthétiquement portable - parce que autant le libéral "élastique là" est tout à fait mignon lorsqu'il est arboré par un poupon qui swingue sur ses jambes si potelées qu'on en mangerait, mais qu'on ne peut pas sous prétexte qu'on est allergique au lait, autant sur un bidon concave, tatoué de vergétures bleuâtres et malicieusement placées là où cela fait le plus de mal au maillot de bain deux pièces, même le directeur du château de Versailles convient que cela fait trop contemporain voire décrépitude orientablement affligeante. Et donc de prévoir un camouflage pullesque ample et rigide pour éviter toute révélation néfaste au secret d'instruction obligatoire (la culotte se situant dans une zone livrée à des besoins primaires).
Troublante parce qu'elle possède deux étiquettes, placées diamétralement à l'opposé l'une de l'autre, ce qui a le don de troubler prodigieusement une femme dont la mère sérinait chaque jour "mais ma fille, c'est pas possible d'être aussi bête, il faut mettre l'étiquette derrière ; que même le Roi Dagobert l'a fini par le comprendre, alors que pourtant il avait pas toujours le goût de l'étiquette". Alors, à chaque fois, que ma main hagarde après un lever laborieux tombe sur ce sous - vêtement retors, je dois me questionner pour savoir d'où mes jambes vont bien pouvoir venir et où vont - elles aller quelque part, pour donner un sens à mon derrière, certes rebondi mais pas dégourdi. Je regarde la petite étiquette, j'interroge la grande étiquette....
Oui, parce que le type qui a confectionné ce machin, non seulement était contre une libido relâchée, mais en a ingénieusement et chinetoquement cousu une petite riquiqui (je parle bien sûr de l'étiquette et non d'un membre honoraire à l'aide duquel les hommes aiment à s'affronter, surtout face à un mur suffisamment haut pour atteindre le voisin) derrière, ce qui permet de s'asseoir sur la marque, et une plus longue devant (allez, messieurs, baissez vos prétentions !), certainement dans le but que lorsque tu enfiles la culotte, tu puisse en même temps vérifier la température qu'elle supporte, de façon à ce que tu saches doser les activités qui pourraient trop l'échauffer, genre celle qui consiste à parvenir à supporter, sans avoir à imiter la démarche d'un cow boy lonesome mais pressé d'arriver at home, toute une journée, un slim trop moulant qui t'a valu ce matin, les compliments de tes collègues devant ton teint tout rosi, dû aux abdominaux effarants que tu as dû accomplir pour te l'empaler.
Je finis toujours par prendre une décision. Le plus souvent, d'annoncer à mon mari que j'ai la migraine et que s'il ose que ne serait - ce daigner tenter un petit geste dévoileur, je ne m'évanouis pas (puisque comme le répéte toute héroïne de chick list, il ne faut le faire que quand vous vous êtes concertés, votre miroir et vous, pour bannir l'héritage de votre grand mère de votre silhouette), je lui demande s'il verrait un inconvénient à ce que, aujourd'hui, exceptionnellement, ce soit lui qui porte la culotte .....