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je vis, je dis, je ris ...ou pas
5 octobre 2010

Tu n'appuies pas trop sur le champignon, là !

Automne, Ah automne.

Toi si fauve, si sauvage dans tes rousseurs subtiles où se camouflent des écureuils épris d'une liberté confinée.

Toi si enflammée, si rougeoyante lorsque le soleil s'embrase au creux de tes vagues fanées.

Toi si parfumée, si vaporeuse surgissant mystérieusement d'un fin cocon duveteux déposé par un brouillard régulier.

Toi si alanguie, si attentive alors que bruissent craquements éperdus, insectes éconduits et putréfactions fertiles.

Toi  si charnelle, si sensuelle, offrant aux regards acérées des silhouettes tordues par le désir d'atteindre le ciel.

Toi et tes champignons, sans qui tu ne serais qu'une saison réputée n'être qu'un long espace temps avant l'hiver et sa neige et ses bonhommes de neige et ses maisons en neige et ses motos en neige et ses léopards en neige (je n'écris ce passage que sous la menace d'un bambin de 4 ans heureux d'être en automne parce que cela annonce l'hiver et sa neige et ses bonhommes de neige et.....)

Mon mari, qui n'est pas parfait, aime les champignons. Aussi, tous les automnes, nous devons nous harnacher de bottes et de ridicule afin d'aller errer dans une forêt pourvoyeuse de mycologues novices et avertis. Courageusement ou poussés par l'avidité de nos congénéres, nous quittons les sentiers balisés afin de nous enfoncer au plus profond de l'espace sylvestre.  Nous soulevons délicatement nos panards afin d'éviter quelques brillants scarabées et secouons prestement nos crinières afin de nous débarasser d'indélicates toiles d'araignée. Heureux de retourner aux sources, nous lâchons le cromagnonien qui s'ennuie sous notre carapace civilisée et hurlons à la face du monde notre haine des insectes grouillants, rampants, volants et plusnombreux que nous.

Après quelques minutes de recherche archarnée, nous finissons par découvrir un Marcus mignonus camouflé par une haie hargneuse de houx. Nous avançons prudemment, les yeux aux abois, les sourcils à l'affut et le regard passionné afin de trouver un arbre suffisamment imposant pour camoufler une fille prise d'une envie pressante.

Là, soudain, apparait un chapeau jaunâtre qui se dandine suavement, s'offrant à nos mains envieuses. Je m'exclame joyeusement devant ce butin propice lorsque mon mari m'arrête d'un : "il est pas bon". Découragés, mais non abattus, nous continuons notre progression dans cette serre humide et pénétrante (mon nez coulant maudit encore l'abruti qui a dit qu'il faisait beau et que ce n'était pas la peine d'amener les Kways). Là, une autre couronne spongieuse s'épanouit majestueusement, se frayant négligemment un passage au travers d'un mucus nauséabond. Mon cri de joie est vite étouffé par un :"il est pas bon".

Désapointés mais non déshonorés, nous rebroussons chemin pour nous diriger vers un autre lieu que mon mari sent plus en symbiose avec l'alchimie champignonesque. En effet, pleines de petites corolles violettes nous accueillent, enchantées de notre intrusion. Mes enfants dansent la gigue lorsque mon mari lâche le couperet : "ils ne sont pas bons". Dépités mais sentant encore en nous un restant d'amour conjugal, nous acceptons de nous engouffrer dans une nature hostile et peu coopérative. Toujours les mêmes trucs blanchâtres immangeables, toujours les mêmes maisons de schtroumpf indigestes, toujours les mêmes sentences catégoriques d'un mari peu conciliant : "ils sont pas bons".

Quand je lui demande enfin, excédée, comment cela se fait que tous les autres personnes que nous croisons transportent de pleins paniers remplis de champignons gigantesques et odorifants, nous ne tombons que sur de malheureux déboutés par la nature, il me répond enfin : "Ils sont pas bons parce que je ne les connais pas. - Et combien tu connais d'espèces de champignons ? - euh, trois, quatre...- qui doivent pousser sous les tropiques à mon avis !"

Bref, nous rentrons bredouilles de notre expédition (mis à part un léger rhume intrusif). Curieusement, la seule personne qui boudait était mon mari parce que selon lui, le seul champignon non vénéneux que nous avons rencontré a été négligemment sacrifié par mes pieds ! Comme aucune autopsie n'a été pratiqué, chacun garde sa présemption contre l'autre.....

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Commentaires
M
J'aime pas les champignons.J'aime pas le fromage.<br /> C'est con car il me semble que ces deux familles offrent des dizaines et dizaines de varietés ! <br /> Mais bon, il y a aussi pas mal de varietés de mâles et je ne m'en débecquete euh, pardon, délecte ! que d'un !
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