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je vis, je dis, je ris ...ou pas
10 juillet 2011

La braderie du bon goût

Ah l'été, si chaud, si suave, si déceptionnel lorsqu'il fait trop chaud, trop froid, trop pluvieux, trop sec, trop météorologiquement imprédictible. Ce week end, il devait pleuvoir et le soleil rayonne sur mes mollets enserrés dans un pantalon trop crédible au catastrophisme ambiant.

Ah l'été et son temps des brocantes. Ce week end, outre une pluie qui n'est pas au rendez-vous, alors que tant de vaches, aux yeux mouillés de larves, espéraient étancher leurs 3 estomacs sur la rosée d'un pâturage désespérément jaune, s'est installée, en face de chez moi, une brocante très matinale.

Je ne sais ce qui m'étonne le plus.

Que des gens osent étaler sur des tables branlantes ou des tapis élimés, des ODI (objets difficilement identifiables après être passés, au mieux, entre des mains malhabiles, au pire entre des mains peu soigneuses) guère plus prometteurs, étalant, à la face d'un public scrutateur, une panoplie peu réjouissante d'une vie accaparée par la futilité et l'accumulation de souvenirs périssables.

Que des professionnels osent ériger de vieux tonneaux perclus de rouille, de vieux pans transis de mites, de vieilles pendules figées de poussière, de vieux livres oubliés de paresse, en la quintessence du goût et de la qualité.

Que des particuliers et des professionnels osent achalander le tout-venant à l'aide d'étiquettes à trois chiffres, fleurant bon l'arnaque et le désir de satisfaire leur désir de luxe.

Que des gens puissent traverser des rues, parcourir des kilomètres, pour admirer des vieilloteries qui, une fois acquises, avec la satisfaction d'avoir berné le vendeur après un long et âpre marchandage, n'apparaissent plus que comme d'encombrantes vieilloteries qui lasseraient si l'on ne se rattachait pas à la satisfaction d'avoir commis une bonne affaire contre son porte feuille.

Que des gens puissent, d'un air fureteur, inquisiteur, dénonciateur, ignorant, voire méprisant, l'intermédiaire, se pencher sur des vaisselles félées, des disques rayés, des cartes postales violées, des saucissons bradés et se clamer experts.

Que des gens puissent passer toute une journée au soleil, toute une matinée sous la pluie, à l'abri d'un parasol ou sous l'intrusion d'un guignol, pour quelques guinées et beaucoup de fourmis dans les guiboles.

Que des parents osent y amener leur(s) enfant(s), sachant qu'ils n'échapperont pas à la peluche trop mignonne, à la voiture trop cool, à la poupée trop kiffée, au jeu vidéo trop cher mais oh stplait, maman, j'suis passé en 5ème et jte promets de ne pas me lever avant 11 heures demain.

Que j'ai osé y faire un tour, effarée devant tant de médiocrité, tant de prétention, tant de laissez-aller, tant d'adultes bradant leur intimité, tant d'enfants bravant leur maturité, et que j'ai craqué 1 journée de travail, pour une barbie échevelée qui me nargue de son sourire trop niais.

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