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je vis, je dis, je ris ...ou pas
10 juillet 2012

L'été et ses chevaliers de l'appeau touristes

L'été, lorsqu'elle n'est pas synonyme d'augmentation - des températures, comme des tarifs (les premières incertaines, les seconds incontrôlables) -  s'avance allégrement exhibant ses trois immuables chevaliers faire-valoir : brocante, festival et parc d'attractions.

Brocante est l'occasion pour chacun d'ignorer son voisin en étalant devant lui son intérieur pourri. Celui qui précédemment vous souriait vaillamment, en osant même aller jusqu'à vous déclarer, alors que vous vous croisiez, vous sortant le gosse, lui faisant semblant de tailler le rosier pour échapper aux remontrances de sa femme, "il fait frais hein", vous traverse à peine avec son regard de commerçant honteux mais prêt à en découdre avec les marchandeurs.

En brocante, vous ne savez jamais vous comporter et - géner par et pour ces achalandeurs amateurs qui bradent leurs coups de coeur ou escroquent leurs donateurs, qui attendent, que votre main se pose sur un merveilleux machin orange serti de fourrure dont les trous de mite attestent le moelleux, que votre bouche s'exclame devant un curieux tressage argenté qui se révélera être un affreux miroir multi-balafré, que votre enfant caprice devant un truc vert à roues cabossées, pour s'animer, sortir de leur torpeur due à l'impression d'être en représentation et, bienveillants, vous offrir l'objet de votre aveuglement pour une somme symbolique, afin de les aider à financer l'Ipad de l'aîné ou les soutiens-gorges rembourrés de la cadette ou, pour les retraités, le camping car de leur rêve, avec sanisette hyper ventilée et paillasson "bienvenue sauf aux cons" - vous rasez les stands, désireux d'en finir au plus vite, alors que vraiment rien ne vous attire - sauf ce tableau représentant, une fontaine sur laquelle pépiaillent et palpitent deux moineaux esseulés, étourdis par les vapeurs fulminantes d'un félin en chaleur, dont l'ombre menaçante apparait, à moins que ce ne soit du linge en train de sécher, et les oiseaux, deux crottes déposées par un chien vagagbond et la fontaine, une borne d'incendie et le tableau, une pauvre croûte - et que vous êtes en train de louper l'étape cruciale, toujours renouvelée et sans laquelle le doute ne serait plus permis, du premier dopé à l'insu de son plein gré.

breantf.over-blog.fr

Festival sait surtout se reproduire et essaime sur tout le territoire en mignons petits festivaux qui, soit vélent dans le vide médiatique mais survivent grâce aux subventions malingres de conseils généreux, soit bondissent dans les prés carrés des very important prestations où il faut être pour envoyer paître.

Chaque village fleurit son festival, cherchant, par un nom accrocheur (genre "Festival du nu en 4D" ou "Deux boissons offertes") ou débile (genre "l'entartreur ne t'aura pas" ou "le printemps de Bourges" alors que tout le monde sait que les bourgeoises préfèrent l'automne), à emmieller des touristes se tourmentant pour trouver une animation vitale dans ce bled perdu, où ils ont cru bon se ressourcer et où la wifi (catastrophe pire que la fin du monde) ne passe pas.  Les thèmes sont variés : de l'andouille (fraîche) au folk rock bock (le bock finissant par l'emporter), en passant par le médiéval (et ses chutes de tissus), l'écolocompatible (et ses chutes d'herbe), la plage (et si on en a pas, on sort le cours d'eau), l'humour (et si on en a pas, on sort sous les haros), la musique de chambre (pour ceux qui peinent à se réveiller), le jazz (pour ceux qui aiment improviser),  l'amateurisme (le plus répandu).

Parc d'attractions fait mine de s'ouvrir au printemps pour mieux éclater en période estivale où les gamins lâchés par leurs devoirs peuvent oublier leurs cahiers de vacances en s'étourdissant de frayeur. Les parents suivent, heureux de constater que s'ils ont la nausée, le mal est déjà né. Ils aiment croire aux contes de fée et que leur argent est bien dépensé.

Vous ne pouvez pas rouler joyeusement en direction du parc promis à vos enfants, à leurs copains et à votre mari (jusqu'ici non nommé dans ce billet, voici la faute réparée), sans que la conversation ne vienne à capoter sur les nombreux accidents mortels sévissant dans ces hécatombes festives. Chaque attraction a sa victime attitrée que cela soit par étouffement, écrasement, propulsion ou suicide non illucidé ; elle n'est point condamnée puisque la direction arrive à démontrer son impunité et à imputer la faute sur le client imprudent qui s'est penché, levé, baissé, coincé, au mauvais moment. Arrivé rassuré sur les lieux des crimes, vous souriez à chaque grincement, vous esclaffez à chaque arrêt et embrassez la terre à chaque descente. Si la peur fait vendre, je les soupçonne d'être à l'origine de ses rumeurs gràce auxquelles les aspirants au Titanic 1ère classe pensent vivre une aventure historique dont ils se commémoreront l'événement à chaque sortie de petits-enfants.

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