L'abattant des battantes

Les inventions, que si elles n'existent pas, il faudrait inventer (2).

L'abattant automatique à reconnaissance sexuelle : Vous êtes en couple mixte, depuis 2 jours ou 15 ans. Vous êtes profondément féministe ou souffrez d'une tendinite. Vous ne supportez pas ou plus de rabaisser l'abattant lorsqu'une envie subite vous prend de vous asseoir sur le seul siège où vous vous laissez complètement allée. Vous avez essayé de ne pas hurler en pensant que lui doit le lever ou pourrait ne pas le lever (et vous savez qu'il a une large propension à s'étaler).

Mais un jour, vous en avez assez de devoir nettoyer ses débordements avant de pouvoir rabaisser vos prétentions. S'offre à vous une alternative :

- soit vous installez une deuxième toilette, réservée à la gente féminine (et aux handicapés. Avez-vous remarqué que les toilettes handicapées ne sont jamais du côté "hommes" ? Quelques explications : les urinoirs (qui, souvent occupés, préservent contre toute intrusion féminine, des locaux où des hommes, des vrais, continuent à jauger leur élasticité intellectuelle.) ne permettent pas aux fauteuils de se tourner les coudes ; les hommes, plus douillets, ne supporteraient pas la vision d'une souffrance plus ou moins assumée ; une femme handicapée pourrait se trouver à la merci d'hommes surpris en pleine action alors qu'un homme handicapé ne peut éprouver que frustration ou indifférence, bref les chasses d'eau n'étant pas considérées comme sources de miracle, l'handicapé est vu comme un être inoffensif, dénué de toute sexualité, éprouvant juste de temps en temps une petite pression sur son organe génital qu'il va libérer en allant se frotter aux toilettes publiques ; chacun sait que les femmes adorent la transgression et quelle satisfaction que d'oser, incapable d'attendre plus longtemps dans une file interminable où chacune réécrit son histoire dans un espace clos en évitant de réfléchir aux échanges hormonaux et bactériologiques en cours, ouvrir la porte d'une toilette réservée et d'occuper ainsi une position dominante avec vue sur carrelage tavelé...). Il faut avoir de la place, de la canalisation et des conversations incessantes pour convaincre monsieur que si vous avez accepté qu'il utilise votre crème anti-rides, en lui permettant ainsi de constater  son inefficacité, vous ne tolérerez pas qu'il emprunte des toilettes parfumées à autre chose que ses émanations péremptoires et envahissantes. En retour, il risque de vous refuser d'accéder à son jean boy-friend, même de façon détournée.

- soit d'installer un abattant à reconnaissance hormonale sexuelle (la reconnaissance vocale pouvant causer des difficultés en cas de laryngo-pharyngite ou d'accident d'abattant revêche). Cet abattant révolutionnaire se lévera automatiquement lorsqu'un homme entrera et se baissera lorsqu'une femme suivra. Lorsque l'homme voudra faire popo, il utilisera sa jolie petite mimine afin de positionner l'accessoire de façon adéquate. Lorsque l'homme sera en fait une femme après opération chirurgicale, il pourra engueuler le fabricant pour son intolérance, porter plainte pour discrimation anti-genre puis lui proposer, après avoir empoché des dommages et intérêts conséquents, d'inverser les polarités. La femme ne désirant pas être saluée par son abattant à chaque fois qu'elle entrera dans ses sanitaires, pourra le démonter et acheter un abattant neutre, devenu plus cher du fait de son militantisme pour l'indifférenciation sexuelle. L'adolescent encore incertain sur son identité sexuelle pourra se suicider si l'abattant se baisse lorsqu'il apparaît. La gamine, ayant atteint le point limite avant de se précipiter aux toilettes, pourra se faire pipi dessus si l'abattant traîne trop à obéir à ses hormones mal contrôlées.

Conclusion : invention hygiéniquement incorrecte. Pouvez évacuer.