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je vis, je dis, je ris ...ou pas
18 avril 2012

La France, tu la mérites ou tu la quittes

Comme tout électeur qui s'instruit et essaye de se forger une opinion, indépendamment des éditorialistes partialement objectifs qui portent là où leur conscience se combine avec leurs intérêts, je me suis attelée à la lecture des professions de foi écrits négritudement par des adeptes de l'emphase, du superlatif, du populaire accessible et du "à trop jeter pour une voix publique".

Bien que mon choix soit fait, j'avoue avoir été séduite par une proposition touchant un sujet qui me tient à coeur et pour lequel je serai prête à me coucher sur les pavés jusqu'à obtenir satisfaction, au risque de passer pour la péripatéticienne des libraires : la baisse de la TVA à 2,1% pour les livres. Eva Joly, en effet, soutenue des bouts des lèvres par tout un échantillon de guerroyeurs écologistes s'étalant au dessus de leur candidate, afin de bien se positionner pour les législatives, défend ainsi mon droit à préférer le livre papier à ces ardoises rigides, qu'il ne faut pas lâcher, tâcher, passer, corner, respirer et surtout feuilleter ; bien qu'un avantage de ces liseuses informatiques pourraient être de me permettre d'effacer sans scrupule un texte que je juge mauvais, alors que je répugne à jeter même le plus infect des ouvrages (avant d'être envahie de souris empruntant diverses tailles et intelligences pour s'incruster chez nous, dont non la moindre est de dégager une odeur particulièrement nauséabonde lorsqu'elles s'avouent vaincues, j'avais la même aversion pour ce qui concerne le pain, maintenant j'éprouve une véritable délectation à narguer ces mignons rongeurs, qui m'épient de leurs babines retroussées et me goûtent de leurs frémissantes moustaches, en jetant quignons rassis, tartines léchées puis dédaignées et restes industriels d'ersatz céréalier dans une poubelle bien hermétique...sans que cela ne les incite à déserter cet hâvre d'intolérance).

Si j'ai lu avec un certain calme, voire une profonde indifférence, la majorité des tracts -  celui de Marine avec sa bouc-émissarisation de l'immigration a seulement suscité en moi de la pitié pour une pauvre femme condamnée à perpétuer un filon héréditaire alors qu'elle combat avec force le regroupement familial...- , j'ai bondi d'indignation devant les insanités proférées par un président sortant (qui ne nous regarde pas en face, vu ce qu'il veut nous faire avaler et dont la France forte est blanche, à la limite noire, mais très peu maghrébine, pas du tout asiatique et toujours les bras ballants, voire dans les poches, sauf un qui croise le fer ...j'te donnerais du travail d'intérêt général à tous ces figurants inutiles  là !).

Je m'insurge, j'accuse, je persifle, je saigne devant cette affirmation "(...) les français sont attachés aux valeurs qui font l'identité de notre nation : la laïcité, l'égalité, la liberté, le mérite, l'amour de la France." Ne voyez vous pas l'infâme intrus, l'indicible horreur sous-jacente : depuis quand le mérite est-il une valeur identitaire ? La déclaration des droits de l'homme et du citoyen commence t'elle par : "Tous les hommes naissent libres et égaux en droits, et le demeurent s'ils sont jugés dignes d'estime" ? Quelle est la définition du mérite français ? Qui mérite quoi ? Jean Sarkosy méritait-il d'être nommé à la tête de l'EPAD parce qu'il était le fils du président ? Si des hommes se sont battus pour la liberté, pour l'égalité, la laïcité, leur patrie, ont-ils choisi de mourir pour remporter un mérite, un colifichet, une citation, un honneur qui n'est reconnu que par celui qui juge un acte suffisamment glorieux pour être distinguable ?

La Déclaration évoque une distiction des hommes en fonction de leurs vertus et de leurs valeurs, mais dans le but d'être admissible à une dignité, une place, un emploi public, non pas pour être défini plus ou moins français.  Et qui établit les critères de cette "valeur" qui est loin d'être naturelle et imprescriptible ? Celui qui se lève tôt mérite t'il plus que celui qui travaille la nuit ? Celui qui reçoit le prix Nobel de littérature est-il plus digne d'estime que la bibliothécaire bénévole ? L'homme qui naît français mérite t'il plus que la femme qui devient française par mariage ?

Et quel mérite y a t'il  à être français, si ce pays n'accepte pas les faibles, les errements, les tutelles, s'il accuse les chomeurs de fainéantise et les mineurs de violence, rejette les démunis et les immigrés en n'augmentant pas les capacités d'accueil, juge sur la langue ou la religion pour stigmatiser et susciter l'aversion. Comment continuer à aimer la France et la servir si elle prône le mérite, et son corrollaire, le mépris ? Tu parles d'une profession de mauvaise foi !!!!

En parlant de la déclaration, si les féministes, qui savent toujours s'attaquer aux problèmes qui préoccupent le quotidien des femmes, souhaitent supprimer une loi qui n'autorise les femmes à porter le pantalon que sous condition, il serait temps qu'un président qui veut propagander ou constitutionnaliser la laïcité, efface de ce texte fondateur la mention à l'Etre suprême dont le principal mérite est de laisser chacun l'interprêter.

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