Garde à vous

Le problème majeur dans nos campagnes, mis à part quelques piliers de bar qui animent de leur accident chronique une place trop nette, c'est la jeunesse. Une jeunesse oisive qui ne peut se vautrer dans la luxure de la ville pour cause de manque de mobilité - le seul bus qui passe c'est pour les amener à l'école et croyez-moi il n'est pas toujours accueilli avec les vivats qu'il mérite pour oser s'excursionner jusqu'à des routes dont les fossés ont plus d'un poivrot à raconter ; une jeunesse désoeuvrée qui, parfois, poussée par un bourdonnement de révolte, assaille ses aînées d'un matraquage de scooters débridés ; une jeunesse éperdue suçant des succédanées de biberons pour s'envoler sur des pistes bouchées par le manque d'illusion ; une jeunesse recherchant l'extase dans les bagarres du samedi soir, où la casse des mecs le dispute aux jurons des filles, tous à la recherche du truc qui les guidera vers une illumination existentielle ; une jeunesse priorisant la sécurité à l'incertitude, sachant déjà qu'elle va en baver et préférant se tatouer les bras plutôt que d'avouer les avoir baissés.

Alors, nous, adultes, toujours clairvoyants et forts d'une riche expérience de tatonnements et d'errements, dissertons sur les solutions possibles afin d'occuper et de recadrer cette jeunesse qui a peur du lendemain, sans croire aux promesses du surlendemain. Et finissons par regretter la suppression du service militaire que nous parons des meilleures qualités, dont celle de nous débarasser d'un fils incapable de bouger son cul pour jeter sa canette de coca ou - militant pour la parité - d'une fille dont le rêve suprême est de pondre un moutard le plus rapidement possible pour torcher sa carrière avec.

Oh oui, remettons en place le service militaire qui apprendrait à nos jeunes à s'éloigner des jupes de leurs chomeurs de parents, à prendre conscience qu'ils possédent d'autres muscles que ceux trop sollicités du pouce, à nouer de vrais contacts et une solidarité autour d'un ennemi commun : le sergent chef, à s'identifier comme individu utile et appréciable parce qu'il sait récurer les toilettes...

Mon mari, cet être lumineux dont je suis le satellite (la liaison souffrant de parasites), ne partage pas notre enthousiasme. Appelé sous les drapeaux, il est entré au service de l'aviation. Prêt à manipuler les véhicules sophistiqués d'une section Dassault, dont le célèbre Rafale et ses prises de vent internationales, il s'est retrouvé aux commandes d'un vélo...., même pas tout terrain et muni d'une très moderne cagette en bois, pour contenir son servile ennui.

 Pffff, mon mari n'est pas réactioniste et je lui ai rétorqué que beaucoup de choses très positives ont été malencontreusement abrogées par des politiques voulant marquer leur rêgne par des mesures arbitraires, ainsi du harcélement sexuel qui n'est du jour au lendemain plus délictueux. Mon mari, jamais satisfait, m'a répondu que, puisque je ne risquais plus d'être poursuivie, il me remerciait de m'y révéler active, se sentant quelque peu négligée. Je lui ai déclaré la guerre et que s'il souhaitait une jeunette prête à se mettre au garde à vous pour le servir, il n'avait qu'à pas s'engager.

 Le drapeau blanc n'est toujours pas dressé..........

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