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je vis, je dis, je ris ...ou pas
22 juin 2012

Les jeux mythiques : l'essentiel est de participer à la légende

Mon fils se prépare activement pour les jeux olympiques. Il s'échauffe, il s'essouffle et fait preuve d'une endurance à toute épreuve, malgré mon scepticisme. Il faut dire qu'il n'a même pas 6 ans et que son terrain d'entrainement se situe sur la cour de l'école. Cela fait deux soirs qu'il m'énumère les exercices difficiles et difficilement homologuables pour lesquels il concourt, dans la catégorie poids léger et langue pendue.

Autant jeudi, ses exploits étaient crédibles et j'allais féliciter la maîtresse pour son esprit de compétition, s'exprimant à travers des jeux faisant appel à la fraternité et l'inventivité, même si après m'avoir étalé ses records en lancer de javelot, en saut de haies, j'ai tiqué quelque peu quand il m'a parlé de saut à la perche. J'ai peiné à réfreiner une moue de connivence quand il m'a parlé d'écologie combative : sport consistant à lancer des épluchures dans une poubelle attachée en hauteur. Mais comme il ne s'agit pas de faire le jeu de Cohn Bendit en accusant l'école d'opportunisme courtisan, j'ai admis qu'il n'y avait pas de mal à autoriser des gamins à se frotter à la politique du recyclage.

Mais, vendredi, il n'a pas contrôlé son dopage à l'imagination et j'ai failli applaudir au dépassement des limites du probable et du possible par ce gamin s'entrainant à me faire gober n'importe quoi. Ainsi, son équipe des rouges a remporté l'épreuve des échasses sur chaussée sèche (à répéter dix fois et vous verrez si vous n'êtes pas disqualifié pour chuintements inappropriés), a combattu les jaunes dans une guerre pédagogique où grondaient les canons de pommes de pins (rapportées certainement par des écureuils revenus du pélérinage à la moquée de Mesquine), a faillé se vautrer en glissant sur le toboggan géant où il fallait éviter le dragon de la mort qui tue (pour mon fils la mort doit être la plus effrayante possible et donc tuer...- Est-ce un rejet des témoins de Jéhovah voisins qui nous bassinent tous les dimanches avec leur monde meilleur où les élus baigneront dans une félicité bienheureuse, pendant que le peuple se morfondra éternellement, ne pouvant plus spéculer sur la chute du diable ? Est-ce une conjuration contre la zombie-paranoïa ambiante où des narcissico-narcotiques rivalisent pour franchir le premier la ligne du cannibale le plus abject ? Est-ce le signe d'une grande maturité de la part d'un gosse qui ne se fait pas d'illusion et sait qu'il faut profiter des excès de son cerveau avant que la grande faucheuse ne nous rende tous ex aequo ? Est-ce parce que je parle tout le temps de l'écrabouiller, de lui couper la tête, de le jeter par la fenêtre, me libérant par la parole d'une envie de lui botter les fesses, et qu'il a donc échapper déjà à mille morts métaphoriques ? Est-ce parce que je pose trop de questions que j'ai complétement perdu le fil de mon billet ?) et a lamentablement échoué au concours de pétage de sachet de pitch au chocolat... (à mon avis, la seule vérité vraie de cette suite d'élucubrations, mais aussi le seul match où l'arbitrage de la maîtresse ne fut pas discutable).

Il m'a fait monter sur la première marche dans l'histoire et je lui délivre la médaille du pipeau d'or. Et je bats ma coulpe : l'essentiel est de participer et s'il m'offre une revanche, je raconterai ma victoire au lancer du téléphone qui sonne toujours occupé, mon bon score au saut d'élastique de dossier à traiter urgemment la veille et ma bonne prestation à la course aux ragots qui décoiffent.

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