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je vis, je dis, je ris ...ou pas
14 août 2007

famille si vivante

Aujourd'hui, fait exceptionnel dans cet été particulièrement peu estival, j'ai eu chaud et nous avons pu nous promener afin d'admirer les chevreuils du château du coin. Ce qui est bien en France, c'est qu'il y a toujours des châteaux entretenus par des jardiniers, femmes de ménages et domestiques divers, qui ainsi profite de la vie de château pendant que les châtelains passent leur temps dans les diners mondains à montrer les photos de leur château, comme d'autres vous barbent avec celles de leurs gosses, tous ainsi se rappellant par ce biais qu'ils ont des châteaux - des marmots.

Octavia et moi avons vu des femelles craintives, des mâles protecteurs et frimeurs, des bébés calins, tous des chevreuils puisqu'il n'existe pas de termes sexués pour ces bestioles ce qui ne facilite pas les exclamations : "Oh, un chevreuil mâle !", "Oh, un chevreuil femelle !", "Oh, un chevreuil bébé !" et je remercierais ces gens de l'Académie, s'ils ont du temps à gagner plutôt que de chercher à le perdre à traduire du vocabulaire anglais qui sera mieux assimilé par la population que l'immigré présent depuis 30 ans, de chercher à rendre un sexe au chevreuil (ce qui éviterait peut être que l'ignorant le surnomme Bambi et lui fasse prendre la mouche car jamais, lui ne se prêterait à la mercantilisation anthropomorphique américaine, allant jusqu'à exiger qu'un faon fasse du patin à glace(sans patin, ce qui est d'une ineptie !) sous les encouragements d'un lapin répondant au nom franchement pathétique de Pampam - à la rigueur Jeannot, mais Pampam !!!!)

Hippolyte, lui, comme à son habitude, a flané à l'arrière, trainant des pieds et grommelant que les mères qui poussent leurs enfants à se promener sous un chaud soleil d'été devrait être tuée pour fainéanticide, essayant d'écraser une sauterelle pour montrer la supériorité du genre humain sur l'espèce animale et finissant la cheville foulée parce que la sauterelle a sauté plus vite que sa semelle. Bref, une compagnie agréable et vous m'excuserez de rapporter que nous ayons aperçu peu de chevreuils, avertis, par leurs fines oreilles toujours en alerte, de notre présence par des jurons style tonitruants. Nous avons surpris leur course nonchalante(avaient ils compris que tant de bruits ne pouvaient révéler un grand danger ?), ressemblant à celles des chevaux de manège : les 4 pattes ensemble en l'air, fléchies mais les bois étaient sur la tête et non au milieu de leur corps....et pas de guichetiers pour exiger notre ticket !

Cette sortie familiale, où la haine frolait l'obséquité (d'une Octavia toujours contente de bien souligner combien son frêre est .....adjectif que ne saurait répandre une mère sur sa progéniture même si elle ne se géne pas pour lui dire, quand ça chauffe dure), a permis que je me détende...enfin, surtout de considérer que la vie a des bons côtés (celui de gifler son fils quand il outrepasse ses droits ? malgré le fait que le Conseil Européen ait jugé que le châtiment corporel devait être puni sévérement (en pratiquant la peine  de mort ?), mais ces messieurs du Conseil devrait peut être passer plus de temps avec leurs enfants pour se rendre compte qu'un enfant n'est pas un chérubin tout blond et innocent mais parfois, une véritable peste et il vaut peut être mieux lever la main que baisser les bras. Sinon, je les laisse devant la télévision et vais me faire une manucure.)

Ce matin, en effet, j'ai assité à un enterrement d'un monsieur dont j'ai découvert le prénom lors de l'hommage qui lui était rendu. Ce monsieur est le beau père d'une collègue devenue une amie et je ne l'ai jamais rencontré mais je tenais à être présente pour manifester (silencieusement) mon soutien. Bien sûr, je me suis sentie intrusive et déplacée (pas seulement par les km que j'avais effectué pour être présente), d'autant plus que le chagrin ambiant m'a fait presque versé des larmes, alors que je n'avais suivi les méandres de sa maladie que de loin : ses hallucinations loufoques et désespérantes, ses malaises de plus en plus fréquents, la belle mère épuisée mais ne voulant pas lacher le morceau, l'infirmier enfin appelé à la rescousse mais insuffisant, ses séjours à l'hôpital aggravant son cas puisque pris comme cobaye pour de nouveaux remèdes, puis délaissé parce plus bon à sauver : faut laisser la place aux guérissables. Tous ces gens vêtus de noirs, toutes ces larmes et le mort, lui, enfin tranquille, soulagé de la morphine, de ses étouffements répétés, de ses caprices à peser sur les siens pour se maintenir en vie par leur empressement, leur inquiétude, leur sollicitude si proche de la lassitude, de son impuissance à n'être ensuite qu'un poids et chacun de souhaiter intérieurement le dénouement proche puis de se le reprocher, la fin étant irréversible.

Que faire lors d'un enterrement ? Surtout lorsqu'on arrive en retard, que l'on ignore où se trouve le cimetière qui ne se trouve pas vers l'église ce que vous aviez supposé dans votre optimisme naturel qui vous pousse à ne vous inquiéter de l'endroit où vous dirigez que lorsque vous vous rendez compte qu'aucun panneau n'indique ce lieu pourtant fort fréquenté. Et bien, vous suivez le cortège que vous avez failli percuté dans votre recherche désespérée (mais trouver la mort durant un enterrement, quel grotesque !).

Bien sûr, ce cortège n'est composé que de la famille proche, qui vous zieute comme le parasite que vous êtes et seule les circonstances les empêche de vous refouler de leur chagrin (et de leur plaisanterie car certains étaient pliés sous le coup de remarques certainement à mourir de rire). Bien sûr, ce cortège avance à une lenteur affligeante et au lieu de vous plonger dans des pensées bienvaillantes et misécorideuses à l'égard du défunt, vous vous mettez à vous affligez que les cimetières se trouvent si loin du centre ville.

Bien sûr, une fois sur place, pour éviter d'affronter les regards inquisiteurs et la grande faucheuse, vous vous surprenez à lire les inscriptions des pierres tombales, à calculer l'âge de leur mort, à établir des arbres généalogiques. Vos yeux myopes tombent sur la plaque "Andrepapa", tiens quelle drôle d'idée mais pourquoi pas quand votre regard circulaire lit sur une autre tombe "Andreoncle", ils s'appellent tous André dans ce patelin, ben non, c'est Lucien son petit nom. un "Andreneveu" vous descille et complètement idiote mais heureusement la seule à le savoir (enfin à vous le dire), vous vous rendez compte que "Andre" est en fait un "Anotre" parce que la plaque est petite et les espaces ignorés. Piteuse, vous vous détournez des tombes espiègles pour écouter la cérémonie où un "Plus bleu que tes yeux" retentit et vous n'avez qu'une hâte rejoindre votre Jj et ses manies parfois horripilantes mais si vivantes.

Bien sûr, chacun doit passer devant le cercueil pour offrir un dernier hommage au cerceuil, puis déclarer ses condoléances à sa famille. Vous vous trouvez face à des gens en larmes et vous êtes peinée, peinée parce qu'ils souffrent, peinée parce que vous ne pouvez les consoler, peinés parce que vous ne trouvez les mots, même condoléances vous échappe et seul un maigre courage vous vient aux lèvres, peinée car ce n'est que le début de l'absence et que le vide sera dur à combler, même lorsque celui de la tombe aura été recouvert, peinée car votre amie pleure, est contente de vous voir et que vous êtes génée de connaître sa peine. Et pendant ce temps, la vie continue...

(ma mère, elle, a assisté à l'enterrement d'un inconnu parce qu'elle n'a pas osé quitter l'église lorsqu'elle s'est rendu compte qu'elle s'était trompée d'office. Comme quoi, la mort tient en respect.)

La phrase la plus effrayante que je connaisse est celle de Lapalisse : "2 minutes avant sa mort, il était encore en vie !"

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