Pêche à la ligne

Liste pour combler le manque d'inspiration d'une auteur (sans hauteur) qui a pris sa journée pour se reposer et se retrouve sur la touche pause quand il s'agit d'ouvrir un nouveau chapitre de ce qu'elle livre de peu frais et certainement bradé mais pas mal achalandé puisque chacun peut s'y fournir en détails peu croustillants et soldés par de retentissantes chutes qui réveilleraient une grabataire trouvant le sol percuté trop dur pour son nez gonflé :

- faire une liste de tous les sujets qui pourraient inspirer une auteur en manque d'émancipation écrivallionne (mais pas d'expansion brouillonne) afin de l'aider à ne pas croire que son crâne n'est plus qu'un vide sans fond et sans limite sauf celles fixées par les frontières d'un front creusé par la recherche d'inspiration et les échéances immédiates de ses enchères lancées dans l'univers ebayien qui aspire à lui vider les poches en sus de la moindre de ses pensées incohérentes.

- parler de la météo : ça tombe bien, une tempête vient de sévir sur la partie basse de la France. Elle avait été prévisionner mais non provisionner. Il n'est pas bon de souhaiter son anniversaire dans ces zones là, souffler une bougie équivaudrait à une bonne giffle. L'auteur doit juste faire face à une tornade blonde qui l'a terrassée jusqu'aux racines (des cheveux qu'elle a de plus en plus blanches et des carrés qui n'ont plus envie d'adoucir les angles, poussés à l'aigu et sans autre "arrête" que celui inefficace lancé à la face d'un gamin dont le théorème est l'apothéose égale deux parents divisés par l'entêtement infini)

- inventer une conférence du Dr Jivago, qui n'a aucune ascendance iroquoise, apache, cheyenne, bandana ou toltèque (devinez qui est l'intrus) qui portera sur  "Comment être une victime sans passer pour un héros ?" ou "Pourquoi reparle t'on de Nappoléon alors que nos consuls n'ont aucun pouvoir?" ou "La tempête peut elle passer à la postérité sans être décrite sous un crâne?" ou "Les listes : un moyen pour le Dr Jivago de sortir son crayon." ou "Maman, pourrais tu venir garder le gosse jeudi, il y a grève et j'ai une conférence urgente à commencer à écrire."

- Inventer une recette à ma façon, où tous les ingrédients seraient disponibles dans une grande surface, sans nécessité de parcourir toutes les petites épiceries bio du petit quartier non signalé sur le plan de Paris où on n'habite d'ailleurs pas et qui, utilisés une fois (pas plus sinon on sait l'orthographiait), rejoignent la grande réserve attenante à la cuisine ; réserve bâtie en dehors de toute déclaration cadastrale mais obligation culinaire et déclaration assuranciale vu le prix de chaque gramme ayant nécessité l'emploi d'un cerbère à deux portables : l'un pour appeler la préfecture en cas de dépassement de la date de péremption, l'autre pour joindre la gendarmerie en cas de soulèvement de levure intempestif.

- Faire un jeu de mot sur le nouveau président américain sur lequel au bas mots ce sont penchés bien des comiques troupiers (loin d'Irak si possible). Lancer notre "Yes, oui canne à tous les aveuglés du capitalisme !" et canard à tous ceux qui croivent que la télévision a encore une image nette.

- Décrire les livres que la blogueuse a parcouru et dont elle se souvient si bien qu'elle vient d'entamer un bouquin qu'elle est sûre d'avoir déjà lu et se demande si c'est la couverture différente qui lui a fait oublié le dénouement de l'histoire : elle pense que c'est une traduction différente et lire Sophocle en anglais ne revient pas au même que le lire en grec....et lire McEwan en français ne revient pas en même que le lire en français (preuve que la traduction a de l'importance et je pense qu'on ne souligne pas assez le travail que fournissent ses forgerons de l'ombre qui palissent et transpirent à la recherche du bon mot, de la bonne expression qui rendra inoubliable la prose d'un auteur dont seul le nom apparaitra en première ligne alors que chacune aura été empoignée, ferrée, respirée, régurgitée et semée par le pauvre diable dont le comble est d'avoir un mot sur la langue). Le livre est bien donc elle supportera de relire chaque phrase différemment agencée pour parvenir au fin mot de l'histoire qu'elle se rappelera aussi bien que le repas d'hier soir qui restera dans les annales comme étant celui où participa toute la famille autour d'une table dressée contrairement au plus jeune qui mériterait d'être analysé par des experts pour conclure que c'est un délinquant en puissance et le punir en le rangeant derrière son lit à barreaux n'est qu'une anticipation de ce qui risque d'être son vécu s'il ne modifie pas son comportement envers sa pauvre mère dont l'éducation est certainement en faute mais moins que dans la dictée de ma fille.

- Sortir, respirer un bon coup, sauter, vivre en sorte ; cela lui fera de bonnes choses à raconter comme le nuage à droite ressemble à une girafe avec un petit coup et pas de tâches du tout, comme un cheval qui aurait sauté l'obstacle de la case safari pour prendre la photo finish ; comme la crotte qui a glissé sous sa semelle et lui a laissé une imperceptible confusion sur le seuil de la boulangerie où chacun se retournait pour deviner qui avait brûlé le pain ; comme le chat qui s'est précipité pour entrer et sur le museau duquel elle a fermé la porte pour qu'il ne lui pique pas sa souris : déjà qu'elle a du mal à la chatouiller, il manquerait plus qu'elle lui donne sa moustache (aprce que la langue...il n'y a donc que le français qu'elle comprenne). Essayer les rollers de ses enfants et arrêter de leur donner des conseils alors que la seule chose sur laquelle elle sait rouler, c'est sa bosse et encore à l'aide d'un chameau, parce que c'est surtout du désert qui s'étend sous son pas tendu.

- Faire des tirêts, parce que c'est facile, faut juste aller à la ligne et qu'à la ligne, je pêche !