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je vis, je dis, je ris ...ou pas
30 janvier 2011

Même avec un négre, je ne m'inspire pas

Confession d'une femme du siècle : je ne suis point l'auteur de ces billets comme vous n'êtes point le lecteur de ces quelques signes sans importance. Surchargée de névroses diverses, qu'un bon docteur aurait pû chasser à l'aide d'une poignée de mains mais qu'un bon psychiatre a su ancrer à l'aide d'une plongée dans une enfance insipide, je n'ai point le coeur à sortir de ma coquille pour en parsemer un texte censé émouvoir des êtres qui vivent des révolutions tous les jours (dans une dictature, les gens manifestent et après quelques martyrs, obtiennent le départ anticipée du despote ; dans une démocratie, les gens mainfestent et après quelques arrestations, obtiennent le départ différé à la retraite....ce qui me fait dire que dans une dictature, on peut mourir pour une bonne cause ; dans une démocratie, on peut mourir pour un mauvais boss).

Femme écartelée entre une carrière épanouissante à défaut d'être enrichissante (mon banquier étant le premier à s'en plaindre), où je dois sans cesse relever les défis les plus déroutants (comment écrire alors que le stylo bleu fuit et que le noir s'est enfui avec le client précédent ; par où commençer : ouvrir les volets, allumer la cafetière, téléphoner à son banquier que, promis, cette fois, on aura le courage de demander une augmentation ou suivre sa nature et se précipiter aux toilettes...souvent femme varie mais vessie gagne.), et une vie familiale trépidante, voire trépanante, je ne parviens guère à dégager du temps pour exercer mon esprit, ma grâce et mon talent (d'autant plus que tous trois me sont difficilement accessibles). Aussi, comme beaucoup d'hommes politiques qui passent leur vie à rêver que le monde ne change pas sans eux, comme toutes les actrices qui passent leur vie à rêver que leur visage ne change pas, comme la plupart des journalistes qui passent leur vie à rêver d'incarner le visage du monde, j'ai fait appel à un négre....le mot négre étant banni de nos jours, Marc Twain lui-même ayant dû réécrire ses livres pour remplacer ce terme par le mot "esclave", tellement plus réjouissant et moins limité coloresquement : un négre est noir, à la limite peut se faire marron, alors que le statut d'esclave peut être ouvert à toute la palette de peau...., je dirai j'ai fait appel à un écrivain privé d'une hypothétique notoriété.

Je lui ai donné carte blanche (puisqu'il n'est plus nommé négre). Il peut écrire n'importe quoi, laisser libre court à sa volubilité wikipediesque, faire pleurer sur ma rencontre inopinée avec le clou mal enfoncé d'un spectacle où le plus applaudi fut le rideau lorsqu'il fut enfin baissé, piller les biographies oubliées pour y rajouter une signature illustre, raconter une enfance poignante où ma mère mourrait avant ma naissance, écrire une thèse-antithèse-synthèse optimiste sur "les erreurs du passé, les horreurs du futur", faire croire que je suis une femme dotée de trois enfants et d'un mari footballeur....Il peut, puisque vous n'existez pas lecteur et si vous n'existez pas, je ne suis que l'ombre d'une encre desséchée.

Ps : mon négre tient absolument à finir que quelques bons mots de mon chimérique bambin dernier qui , heureux à l'école (combien de temps avant que sa soif d'apprendre soit remplacée par une faim de se pendre), essaye de m'apprendre les rudiments de français qui me font encore défaut. "Maman" (mon fils a une facheuse tendance à toujours m'interpeller par ce substantif ; je sais que nous sommes plusieurs millions de mamans dans ce bas monde mais je pense être la seule maman dans cette vile maison et j'aimerai que mon fils (et l'autre aussi) arrête de m'appeler "maman" alors qu'il se trouve en face de moi, que nous sommes seuls, qu'il ne peut s'adresser qu'à moi, et que je ne sois pas obligée de répondre "oui" pour bénéficier de la suite de la phrase..), "tu sais ? " (mon fils a une facheuse tendance à toujours mettre l'accent sur mon inculture majeure puisque je sais que j'ignore ce qu'il va me dire (bien que je devine fortement que cela va m'interesser au plus haut point) mais il tient à ce que je lui réponde par la négative pour être conforté dans sa position dominante du type qui va apporter de la connaissance à la pauvre mère réduite à ne surtout pas lui couper ses paroles (sic) (et en finir au plus vite avec le rôle de la mère aimante et attentive) sous peine de réentendre la phrase depuis le début..), "en fait" (Arrgh, qu'il parle et que j'aille rejoindre mon repassage), "est-ce que ces deux mots commencent par le même son : fossile et fossilé ? - Oui, mon chéri (tais-toi, le mot fossilé existe, le mot fossilé existe et tu pourras rejoindre ton repassage). "Maman, tu sais, en fait, le monsieur qui fait des couches, c'est un couchier ; la madame qui fait des couches, c'est une couchière. - Très bien, mon chéri (Tu n'es pas en train de mentir à ton fils ; tu es en train de sauver ton repassage). "Maman, tu sais, en fait, le dinosaure le plus méchant c'est le tyranausaure rex rouge. - Ouah, tu en sais des choses. Tu es le champion des meilleurs et si tu allais reposer ton cerveau en allant regarder la télévision. Pendant ce temps, maman va écouter la radio où repassent toujours les mêmes chansons...

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